DOSSIER  
New Security Magazine 168 – décembre 2023

Mesures de protection contre l’intrusion et le vol dans les entreprises

Le vol sous ses différentes formes est un risque auquel toutes les entreprises sont confrontées. Commerces de luxe ou de valeurs, mais aussi la petite épicerie, le commerçant, le snack du quartier, l’atelier d’un artisan, ou l’entrepôt d’une entreprise de transport… tous sont concernés. Ce risque ne peut être combattu qu’au travers d’un savant dosage de mesures de prévention mécaniques, électroniques et organisationnelles. Bien sûr, les gestionnaires ont généralement souscrit des assurances afin de couvrir les pertes financières, mais celles-ci ne couvrent pas le choc émotionnel et affectif ressenti, les retards de livraison, la perte de confiance des clients, etc.

La priorité est de définir l’objectif du système de protection mis en place. Que veut-on protéger : un bâtiment dans son ensemble ou seulement une partie, les personnes, les biens en général ou quelques biens de grande valeur ?

Ensuite, il faut évaluer correctement le risque de vol, c’est-à-dire la gravité de l’incident (impact humain possible, montant des pertes) et la tentation (probabilité d’action d’un voleur) en fonction de plusieurs paramètres (valeurs, quantité disponible, visibilité, facilité de transport, facilité de fuite, valeur à la revente par exemple). Sur cette base, les autorités ou les assureurs vont définir le risque (faible, moyen, élevé très élevé) et déterminer les mesures de protection mécaniques, électroniques et organisationnelles à prendre.

Le principe

L’objectif de toutes les mesures est de détecter et de retarder l’action d’un intrus en plaçant de manière systématique des mesures structurelles, mécaniques, électroniques et organisationnelles entre lui et sa cible (les biens et les valeurs convoitées). Toutes doivent s’intégrer dans un ensemble cohérent. Par exemple, il ne sert à rien de prévoir des parois extérieures solides si les ouvertures sont facilement forcées.

Exemple d’une approche intégrée de la sécurité.

Considérons les différentes formes de protection :

1. La protection périmétrique :

La première barrière consiste en l’enceinte extérieure, les clôtures, les murs extérieurs du bâtiment (éléments de façade, murs, toitures etc.). La qualité, la robustesse et la hauteur des grilles et portails, l’épaisseur et la solidité des murs et toitures, et le placement correct des ouvertures déterminent la résistance à l’effraction. On pourra envisager un dispositif mixte alliant une première barrière mécanique renforcée par un système de détection électronique et une seconde barrière mécanique. On pourra ainsi détecter et signaler une intrusion avant que la deuxième barrière ne soit franchie à son tour.

2. Les protections mécaniques :

Toutes les enceintes ont des ouvertures, c. à d. des portes, des fenêtres, des volets, des vitrines, etc.

Ces éléments sont classés en 6 classes de résistance (conformément à la norme EN 1627) en fonction de la typologie des auteurs et des outils utilisés. Ces classes vont de RC 1 - la plus faible pour un cambrioleur occasionnel à l’aide de petits outils simples – à RC 6 - pour un cambrioleur expérimenté et organisé à l’aide d’outillage spécialisé.

Outre la qualité des éléments de fermeture, il faut veiller à l’installation correcte de ceux-ci afin d’empêcher ou de retarder la déformation, le bris, l’arrachage, et ainsi d’entraver l’accès à l’intérieur des locaux.

Des produits et services certifiés gages de la qualité et de leur résistance à l’effraction 

Le label de qualité BENOR-i3 vise à ce que les éléments de façades soient suffisamment résistants pour supporter pendant au moins trois minutes une tentative d’effraction.

Garantir la qualité des éléments de façade contre les tentatives d’intrusion ou la qualité des portes d’intérieur contre des tentatives de fuite ou d’évasion ne peut se faire qu’en se basant sur de tests ciblés et un suivi de la qualité dans le temps.

C’est en partant de ce constat et pour répondre en premier lieu à une problématique des portes de sécurité qui équipent les chambres dans les instituions de jeunesse que la label BENOR-IC a été initié. Développé à l’origine pour répondre à cette spécificité des portes intérieures, ce label a ensuite été étendu aux portes extérieures à la demande de certains fabricants.

3. Protection électronique et système d’alarme

Un système alarme anti-intrusion (AIS) est un système conçu pour détecter toute entrée non autorisée dans un bâtiment ou une zone. L’objectif est de surveiller les éléments de valeurs (biens) en détectant l’approche, la pénétration et/ou le déplacement d’un intrus dans une ou des zones définies, et d’activer l’intervention. Il n’empêchera pas l’effraction ou le vol. Seule la réactivité des intervenants va permettre ou non d’arrêter les voleurs.

La conception du système (types de détecteur, central et dispositifs de transmission et de commande), mais aussi l’organisation de la surveillance (personnel, gestionnaire, station centrale) sont directement liées aux :

  • lieux et volumes à surveiller ;
  • objets à surveiller ;
  • personnes à protéger.

Si des personnes risquent d’être menacées ou violentées, il est nécessaire de renforcer les mesures déjà mises en place et de procéder à une nouvelle analyse des risques qui tiendra compte des effets des mesures sur les biens pour la sécurité des personnes et des possibilités et délais d’intervention des intervenants (police, services de sécurité). Ces mesures peuvent être renforcées par un système d’alarme anti-agression, aussi appelé système anti-holdup ou alarme de panique. Ce système est actif en permanence et sert à alerter silencieusement la police ou le service de sécurité.

La vidéosurveillance est un système de caméras et de transmission d’images permettant la surveillance à distance d’un lieu, d’un local ou d’un bien. Les images obtenues avec ce système, peuvent être traitées automatiquement et visionnées, puis archivées ou détruites. La surveillance a pour but de contrôler les conditions de respect de la sécurité et de la sûreté d’une procédure particulière.

Des produits et services autorisés

Quel que soit le type de protection ou de surveillance choisi, son placement demande une véritable spécialisation. Les entreprises d’installation de systèmes d’alarme et de caméras sont soumises à l’autorisation du SPF Intérieur – Direction de la sécurité privée.

Les systèmes d’alarme et de caméras doivent être déclarés au point central ALINE (ALarm Information Exchange).

Des produits et services certifiés : gage de qualité et d’efficacité

Cet enregistrement est formel et pas nécessairement synonyme de qualité : mieux vaut faire confiance à des concepteurs et à des installateurs qualifiés et certifiés INCERT.

Le label de qualité INCERT couvre les produits, les centrales de surveillance et les installateurs d’alarme pour bâtiments et objets mobiles concernant :

• la réalisation d’essais de sécurité, d’audits, et la certification des composants et systèmes électroniques de prévention vol et intrusion et de systèmes vidéo.

• l’audit et la certification des installateurs de systèmes de prévention vol et intrusion et des stations centrales de télésurveillance.

4. Internet des objets

L’internet des objets influence la commande ou la transmission des équipements de protection. Des équipements de sécurité – tels que caméras, serrures, portes – peuvent être dotés d’un matériel électronique connecté capable d’envoyer directement ou indirectement des données via internet. Plus ou moins vulnérables, ils peuvent engendrer certains cyber-risques, tels que leur piratage ou le vol des informations sensibles qu’ils contiennent. L’utilisateur doit en être conscient.

5. Mesures organisationnelles

L’entreprise peut adopter des mesures internes afin de gérer les risques de vol ou d’agression, mais aussi – dans le cadre de la Loi sur le bien-être au travail – de limiter la survenance d’un événement traumatisant pour son personnel.

Ces mesures basées sur l’ « être humain » et l’organisation font partie intégrante de la politique de sécurité de l’entreprise, mais impactent directement l’efficacité des protections mises en place.

Voici quelque exemples et pistes de réflexions :

  • réaliser une analyse des risques de vols, d’agressions contre les travailleurs et/ou le public et déterminer les dispositions et les moyens de protection utiles ;
  • rédiger les procédures de sécurité et des listes de contrôle à disposition de tous les acteurs (gestionnaires, personnel, vigiles etc.) ;
  • informer et former le personnel aux procédures de sécurité et en vérifier l’application ;
  • contrôler les qualités et les déplacements des visiteurs et des personnes étrangères à l’entreprise ;
  • faire appel si nécessaire au personnel de sécurité, portiers, huissiers affectés à certaines tâches de sécurité (ex. : contrôle des visiteurs)  ;
  • surveillance permanente de l’argent et des objets précieux (ou des images des caméras de surveillance) ;
  • éliminer l’accès facile à l’argent liquide et aux autres biens attrayants, par exemple :
  • répartir les valeurs dans des vitrines ou locaux séparés, avec ou sans contrôle d’accès et verrouillage temporel ;
  • enfermer les biens de valeur dans des conteneurs de stockage sécurisés avec une fermeture à minuterie ;
  • limiter l’exposition des marchandises précieuses et coûteuses dans les vitrines et présentoirs équipés de serrures simples ;
  • conserver les clés et les codes d’accès en sécurité (dans une autre pièce, sous clé, surveiller en permanence, etc.) ;
  • limiter le montant du contenu des caisses.

Conclusions

Les mesures de protection contre l’intrusion et le vol constituent une chaîne dont le maillon le plus faible détermine l’efficacité et la fiabilité de l’ensemble.

Il ne sert à rien d’investir dans une chambre forte si on laisse la porte ouverte !

Connaître dès le concept initial la nature des besoins et y apporter réflexions techniques permettant de faire le meilleur choix et d’implémenter les technologies les plus adéquates à chaque projet : la division Inspection de ANPI répond à toutes les exigences et est spécialisée dans ce type d’inspection et de conseil.

Le Dossier technique ANPI DTD 174 doit vous aider à mieux comprendre les spécificités, les avantages et les limites des différentes protections possibles.

DTD 174 - 2021 - Mesures de protection contre l’intrusion pour petites entreprises

Ce dossier est en vente sur www.anpi.be/eshop

ANPI – Association nationale pour la protection contre l’incendie et le vol asbl

Division Information, Marketing & Communication

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